Manuel Alvarez : Simplicité, authenticité et universalité – GUITARE SECHE LE MAG

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N°67

Manuel Alvarez : Simplicité, authenticité et universalité

Manuel Alvarez est un chanteur franco-espagnol de formation classique passionné de chanson à texte, qui a déjà donné plus de 300 concerts en France, mais également dans toute l’Europe. Sa particularité, c’est de signer des adaptations de chansons et de thèmes connus en mélangeant espagnol, Français, italien et anglais. Il y a une dizaine d’années, ce cadre clientèle a pris la décision de vivre sa vie pleinement en musique, de transformer sa passion et son hobby en un véritable métier. À l’occasion de la sortie de sa reprise de « Vivir Mi Vida » sur les plateformes, une adaptation espagnole du « C’est la vie » de Khaled, nous avons fait la connaissance de cet artiste épanoui.

Comment ton histoire avec la musique a-t-elle commencé ?
Je chante depuis l’âge de 5 ans. La musique m’a tout le temps accompagné. Mes parents chantaient et il y avait toujours des guitares qui traînaient à la maison. On est parfois conditionnés par notre environnement familial et cela a été mon cas. Même si ma trajectoire m’a amené à exercer d’autres métiers, cette passion ne m’a jamais quitté. Que ce soit au lycée ou lorsque j’étais étudiant, j’ai toujours des souvenirs de moi sortant la guitare et chantant pour les copains.

Quelles ont été tes influences ?
Il y en a beaucoup. Pour la guitare, c’est Paco De Lucía, même si je n’oserais jamais me comparer à un tel maître. Concernant le chant, j’ai énormément écouté les trois ténors que sont Luciano Pavarotti, Plácido Domingo et José Carreras. Ce sont eux qui m’ont donné envie de pousser mon apprentissage du chant classique et lyrique.

Tu revisites des chansons connues ou des airs classiques. Quelle est ton approche ?
Je les revisite en leur apportant une touche très personnelle, puisque je suis dans une démarche d’interprétation multi-langues. C’est vraiment ce qui représente ma singularité. Je peux interpréter une chanson dans plusieurs langues, parce que chacune d’entre elles permet de transmettre différemment les émotions. Si je veux de l’intensité et du feu, j’utilise l’espagnol, qui est une langue assez gutturale, tandis que pour le côté plus suave, je vais plus naturellement vers le français. Le cas peut se produire, plus sporadiquement, que je chante en italien ou en anglais. Il m’arrive aussi de m’approprier une chanson en modifiant son texte, comme pour « Momentos » que j’avais adaptée durant la pandémie en soutien au personnel soignant et aux malades.

« Le rôle d’un instrument est de faire passer des émotions et pour y parvenir, ce n’est pas forcément nécessaire de jouer des choses très techniques. De beaux accords et un rythme qui emmène les gens peuvent suffirent. »

Comment s’effectue le choix de ton répertoire ?
Souvent, cela se fait en fonction des endroits dans lesquels je donne des concerts. Quand je tourne dans les théâtres ou les festivals, je vais proposer un mélange de chansons intimistes et festives, avec aussi des extraits de musiques de film ou de série (Gazon Maudit, La Casa de Papel), tandis que les concerts dans les églises impliquent un répertoire invitant davantage au recueillement. Cela dépend évidemment du pays dans lequel je me trouve. Après, il y a mes coups de coeur et j’avoue que les textes sont déterminants dans mes choix.

Comment définirais-tu le guitariste que tu es ?
Déjà, je ne suis pas guitariste de formation. La guitare me permet de m’accompagner et je ne la travaille pas autant que ma voix. Cependant, dans ma vision, le rôle d’un instrument est de faire passer des émotions et pour y parvenir, ce n’est pas forcément nécessaire de jouer des choses très techniques. De beaux accords et un rythme qui emmène les gens peuvent suffirent. Bien sûr, il y a les guitaristes qui jouent avec de la virtuosité, comme mon ami David Michelet qui m’a accompagné pour « Concierto de Aranjuez ».

Peux-tu nous parler de tes instruments ?
Pour ce que j’ai à faire, il me faut des guitares qui projettent au niveau du son et surtout, qui soient très faciles à jouer. Je possède cinq guitares de type classique de chez Alhambra. Celle que j’utilise le plus souvent est une 11C que j’ai depuis 25 ans. Je monte dessus des cordes Savarez Alliance Corum. J’accorde de l’importance à la qualité du son et du matériel. Je repique mes guitares avec un micro DPA 4099, qui est de bon aloi, et j’utilise un Neumann KMS 105 pour la voix, qui a des aigus clairs et des graves biens ronds.

Tu as réalisé un album il y a trois ans, puis un EP, mais aujourd’hui, tu ne sors que des singles. Pourquoi ?
Parce que le format single me semble plus souple et adapté au marché d’aujourd’hui. Je peux partager mes chansons régulièrement sans la contrainte de dépendre temporellement d’un long processus d’album. Tous les trimestres, je propose un nouveau titre et je me suis rendu compte que c’est plus efficace que de sortir un EP, par exemple. Les gens ne consomment plus la musique de la même façon. Cela me permet aussi d’avoir régulièrement de l’actu et d’être plus présent sur les réseaux sociaux.

Pour finir, quels seraient tes mots pour amener les gens à découvrir ton univers ?
Je dirais que mon univers est une invitation à écouter une musique acoustique et organique très simple avec juste une voix épurée, du bois et des cordes, qui tranche avec la celle très produite et informatisée que l’on entend partout et qui manque parfois d’humanité. En ces temps assez troubles et anxiogènes, le fait de chanter beaucoup en espagnol apporte aussi chaleur et émotions positives. Pour résumer : un musicien seul en scène, proche du public, qui s’exprime dans plusieurs langues… Simplicité, authenticité et universalité seraient mes maîtres mots.•

Le site de Manuel : https://www.manuelalvarez.fr/