Edito
Nous vivons une drôle d’époque. Le principal événement de 2020 aura été tellement énorme que toute autre information est passée au second plan. Le virus nous a contraints à mettre le présent entre parenthèses rejetant les projets dans un futur imprévisible, et le passé comme seule source de réconfort, les succédanés virtuels ressemblant plus à une triste blague qu’à une solution viable.
Nos pensées vont tout particulièrement aux professionnels, musiciens en premier lieu, techniciens, mais aussi restaurateurs, travailleurs de l’événementiel et plus généralement, tous ceux qui sont empêchés d’exercer leur profession. Ils le sont pour des raisons certes de santé publique mais, on a du mal à comprendre en quoi le spectacle, la culture et les loisirs, tellement indispensables à donner un sens à nos vies, seraient en soi plus dangereux que des transports bondés ou des classes surchargées. Dans ces raisons qui poussent à opérer un distingo incompréhensible et mortifère, il est de plus en plus difficile de ne pas voir la trace d’un possible et injuste dogmatisme. Les revendeurs d’instruments de musique sont eux aussi soumis à des horaires intenables, quand la majorité de leurs clients peine à courir au supermarché du coin en sortant du travail. Ce serait faire un bien mauvais choix que de ne compter que sur la vente en ligne en ces temps où nous acceptons de faire des efforts pour manger bio, mais où nous rechignons à acheter nos instruments au magasin du coin. Quand ce dernier fermera, il sera trop tard pour regretter le temps où on trouvait toujours un jeu de cordes en urgence ou un ampli pour nous dépanner quand le notre nous lâchait avant le concert.
Nous vivons une drôle d’époque. Nous-mêmes avons été contraints de suspendre la publication, le temps de faire face au dépôt de bilan de notre principal distributeur et d’éponger l’ardoise en résultant. C’est donc un magazine renouvelé que vous tenez entre vos mains, mais, comme vous l’avez constaté nous avons gardé une grande partie des rubriques que vous aimez, étoffé la pédago, ajouté une rubrique dans laquelle nous parlerons des guitares du quotidien et pas seulement des vintage inabordables pour le commun des mortels. Des tests avec plus de place laissée aux photos, car lire un magazine sur papier (ou sur tablette) est également un moment de plaisir, hors du temps. Sans doute un moyen simple de raccrocher au présent et contempler les créations nouvelles des fabricants ou de belles pièces de bois ayant bien vécu. Notre instrument, irrémédiablement ancré dans ses racines classiques, blues et folk, ne se tourne pour autant pas que vers le passé et vous pourrez constater que de Larkin Poe à The White Buffalo, les artistes renouvellent le genre en gardant la guitare au centre des débats. Les fabricants ne sont pas en reste, avec notamment Taylor qui renouvelle ses méthodes de fabrication avec la 816Ce, Yamaha dont nous testons enfin la Silent Guitar, ou Kala qui opère un changement vers des essences vraiment renouvelables.
Vous retrouvez votre magazine, mais votre magazine a également à cœur de vous retrouver. Contactez-nous et nous répondrons à vos questions ou inquiétudes. Témoignez votre amour pour votre guitare et nous publierons les plus belles déclarations.
C’est une drôle d’époque, mais coincé entre passé révolu et futur incertain, c’est pile le moment de vous poser et d’ouvrir votre magazine pour vous payer une bonne tranche de présent.
La rédaction
Numéro N°52
6,70€